Utérus : affections après mise-bas et soins à réaliser


Le post-partum correspond à la période d'involution physiologique des organes reproducteurs de la femelle. Elle dure 3 à 5 semaines environ après la mise-bas.
Les troubles du post-partum sont en règle générale :
- des urgences psychologiques. Ils sont généralement d'apparition brutale. Les propriétaires déjà sensibilisés par le « spectacle » de l'accouchement les considèrent d'emblée comme alarmants.
- des urgences gynécologiques. Ils mettent en danger la vie de la mère ou (et) de sa portée. Ils peuvent porter atteinte de manière irréversible à l'avenir reproducteur de la femelle.

Dans tous les cas, ils posent des problèmes d'allaitement de la portée.

Hémorragie post partum
Affection relativement rare. Elle est souvent décelée uniquement 3 à 4 jours après la mise bas. En effet, les pertes normales et importantes du post-partum masquent l'hémorragie.
Origine
L'hémorragie est la plupart du temps la cause d'une mauvaise involution des zones d'insertion placentaire.

Elle peut cependant être la conséquence d'un trouble de la coagulation d’origine héréditaire telle que la maladie de Von Willebrand. Une analyse de sang permet au besoin d’évaluer les facteurs de la coagulation.
Symptômes
Ils apparaissent le troisième ou le quatrième jour suivant la mise bas, les pertes vulvaires apparaissent exagérément sanguinolentes et dans certains cas graves, la chienne présentera des signes caractéristiques d'une perte sanguine : léthargie, pâleur des muqueuses et un pouls petit et rapide
Traitement
Certains médicaments favorisent la contraction utérine afin d’essayer d’arrêter le saignement.
Une transfusion sanguine est parfois nécessaire
Une ablation des ovaires et de l’utérus peut être la seule solution.


Porlapsus uterin
Généralités
Le prolapsus utérin est très rare chez la chienne. Il peut cependant apparaître quand le col de l’utérus est ouvert juste avant et après la mise bas (généralement un accouchement se déroulant rapidement).

Il intéresse le col, une corne ou tout ou partie des deux cornes. Il apparaît souvent après la naissance du dernier chiot.
Diagnostic: Le diagnostic est basé sur l'examen clinique, l'aspect de la masse extériorisée et un examen manuel du vagin effectué avec douceur.

prolapsus uterin

Photo prolapsus uterin : les deux cornes sont à l’extérieur.

Traitement
Le principe du traitement est de remettre en place l'utérus et de prévenir toute infection utérine.
La réduction manuelle est rarement possible et une laparotomie est généralement nécessaire.
L'hystéropexie (suture de l'utérus à la paroi abdominale inférieure) recommandée par certains auteurs est à éviter car elle prédispose à l'inertie utérine dans les gestations futures, voire même à la rupture utérine à l'endroit de la fixation.
Si le tissu est nécrosé en grande partie ou les ligaments suspenseurs de l’utérus totalement rompus, une ablation de l’utérus peut être nécessaire.


Métrite aigue post partum
Généralités
La métrite aiguë est une affection d'origine bactérienne survenant immédiatement après la mise bas ou à la suite d'un avortement. Elle intervient généralement dans la semaine suivant la mise-bas.
Elle correspond a une inflammation suraigue de l’ensemble des couches de la paroi utérine (muqueuse et muscle).
Origine
Elle peut être provoquée par un avortement, une infection ou une mort foetale, des manœuvres obstétricales, une rétention placentaire ou d'un foetus.

Elle peut également suivre une parturition en apparence normale ou d'une durée prolongée.
Signes cliniques
Les premiers signes cliniques apparaissent entre le 1er et 3ème ( jusqu' à 7 jours) jour après la mise bas. La chienne présente alors les signes suivants :
- écoulement vulvaire muco-purulent et malodorant, de couleur rouge-marron
Rq : des pertes importantes inodores et de couleur vert-noirâtre peuvent être visibles chez la chienne saine pendant 3 semaines après la mise bas).

metrite post partum

Photo : metrite post partum

- hyperthermie (> 40° C),
- adynamie
- anorexie
- agalactie totale et parfois une mammite associée
- désintérêt de la chienne pour ses chiots.
- entérite et vomissements associés (dus au léchage de la vulve). La palpation abdominale peut mettre en évidence un utérus volumineux.

L'aggravation des signes cliniques peut être très rapide. Différentes complications sont alors possibles :
- la péritonite (douleur abdominale très intense)
- la gangrène utérine (mort brutale de la chienne)
- la septicémie puerpérale (température rectale très élevée > 41° C)
- la pyohémie puerpérale : les bactéries vont s'emboliser dans différents organes, tels le coeur (endocardites valvulaires, myocardite), le poumon, la rate, le foie, la mamelle (évolution d'une mammite gangreneuse).
- La métrite peut devenir chronique et entraîner une infertilité.


Biologie clinique (examens complémentaires)
Le vétérinaire doit réaliser différents examens permettant d’évaluer les répercussions de l’affection.
Une cytologie des pertes vulvaires et surtout une bactériologie sont indispensables « à réaliser » : détermination précise des la bactérie responsable et profil de sensibilité aux antibiotiques.
Une rédiographie et une échographie permettent d’évaluer l’intégrité de la paroi de l’utérus : rupture, atrophie, rétention fœtale ou placentaire, …

 photo metrite

Photo : metrite frottis. Présence de très nombreux polynucléaires (cellules de l’inflammation)

 radio rentention foetale

Photo retention foetale


Traitement
En premier lieu, il convient au vétérinaire d’évaluer la nécessité de corriger la déshydratation et les déséquilibres ioniques par une mise sous perfusion adaptée.
Une antibiothérapie adaptée est toujours nécessaire : la voie intra-veineuse est parfois nécessaire en traitement d’attaque.
D’autres traitements facilitant la vidange utérine sont souvent réalisés. On évité en général les traitments trop puissant au début : risque de rupture utérine.
L’ablation de l’utérus est parfois nécessaire, mais rare en première intention.

Il est recommandé d'enlever le chiots de la mère dés que la diagnostic de métrite est posé( contamination du lait possible) , de les nourrir artificiellement et de les remettre à téter uniquement quand l'état de la mère le permet.
Il faudra toutefois faire attention à l'antibiothérapie administrée à la mère lorsque les chiots tètent : risque de toxicité.


Sub-involution des zones d’insertion placentaires
Rare, ce trouble est provoqué par le retard (voire l'absence) de l'involution des zones de placentation de l'utérus.
Symptômes
Les chiennes atteintes ont des pertes vulvaires séro-sanguinolentes, qui persistent plus longtemps que la normale après la mise bas. plus de 6 semaines après la parturition.
L'état général de l'animal n'est pas affecté jusqu'à ce que les pertes de sang deviennent suffisamment conséquentes pour entraîner une anémie par hémorragie.
L'écoulement vulvaire peut varier d'un aspect séreux à franchement hémorragique et peut être très léger à très abondant.
Dans des cas exceptionnels, généralement à la suite d'une mise bas difficile, cette affection peut se compliquer d'une perforation utérine ou d'une péritonite.
Ce trouble régresse généralement spontanément dans les mois qui suivent. Certaines races développent fréquemment cette anomalie (bulldog, …) et les saignements s’arrêtent souvent aux chaleurs suivantes.
L’affection est le plus souvent sans répercussion clinique et sans altération de la fertilité ultérieure de la chienne.
Le diagnostic différentiel nécessitera d'éliminer tout d'abord toutes les causes d'hématurie ou de coagulopathie.

Diagnostic
Le diagnostic est le plus souvent clinique.
Différents examens complémentaires doivent être réalisés afin d’exclure une affection plus grave : persistance placentaire, métrorragie, coagulopathie, …
Un frottis vaginal permet parfois un diagnostic de « certitude », rarement observé en pratique : mise en évidence de cellules particulières (« trophoblast like cells »).

 frottis de subinvolution

Photo de sub-invlution des zones d’insertion placentaire


Traitements
Aucun traitement médical n’est efficace.
Lors de saignement léger (quelques gouttes par jour) sans répercussion sur le taux de globules rouges, l’arrêt se fera spontanément (parfois aux prochaines chaleurs).
En cas de saignement marqué, une autre affection doit être évaluée et une transfusion ou/et une ablation des utérus est parfois nécessaire.

SOINS A CHIENNE QUI MET BAS
A la fin de l'accouchement, la couche de la chienne sera nettoyée. La chienne sera nettoyée et séchée.
Un placenta doit avoir été expulsé avec chaque petit, sinon il faudra suspecter une rétention placentaire.
La température de la chienne sera contrôlée 2 fois par jour pendant 10 à 14 jours. Une légère hyperthermie peut être le signal d'alarme d'un début de mammite ou de métrite Cependant, le début de lactogenèse peut s'accompagner d'une hyperthermie (sans atteinte de l'état général), conséquence d'une augmentation du métabolisme énergétique de l'organisme pour satisfaire aux besoins de la sécrétion.

Le propriétaire devra quotidiennement palper et extraire du lait de chacune des mamelles pour en déceler la moindre modification au niveau de la texture de la glande ou de la consistance ou de la couleur du lait.
La chienne sera alimentée le plus tôt possible après la mise bas. Cependant, si la chienne a ingéré les placentas, elle pourra refuser la nourriture.
L'absorption des placentas peut entraîner une diarrhée profuse noirâtre 24 à 36 heures après la mise bas.
L'ocytocine sera administrée uniquement si un ou des placentas n'ont pas été expulsés, si la portée meurt ou est sacrifiée à la naissance. D’autres traitements plus « doux » existent favorisant la vidange utérine et la montée de lait.

Un écoulement vaginal brun-verdâtre à rougeâtre est classique dans les 6 premières semaines du post-partum.

L'utilisation systématique de l'ocytocine après la mise bas ne se justifie uniquement quand les chiots sont morts nés, si l'on suspecte une rétention placentaire (ou fœtale) ou si les chiots sont enlevés à la mère dés la naissance.
Si la mère nourrit les petits, la tétée entraine une libération d'ocytocine importante et suffisante par le cerveau.

Les antibiotiques systématiques doivent être proscrits : risque de sélection de germes agressifs et dangereux pour la : chiennes, les chiots et les humains.