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Comment naissent les petits
lorsque la médecine doit suppléer la nature 

La Césarienne : intérêts - limites - méthodes

 


 

 

La mise bas d’une chienne est un moment intense pour la chienne et très stressant pour les propriétaires. Les objectifs sont d’avoir une chienne en bonne santé avec des chiots tous vivants et viables ; une chienne qui s’occupe de ses chiots et qui présente du lait dès la naissance.

En cas de mise-bas difficile et à l’instar de ce qui a été démontré chez la femme, plus le chiot tarde à être expulsé, plus le taux de mortalité néonatale augmente : 5,4% dans les quatre premières heures après les 1ers symptômes de mise-bas à 14% au-delà de 5 heures.

La césarienne en « urgence » est réalisée pendant la mise-bas.

La césarienne planifiée est décidée et réalisée avant le déclenchement de celle-ci (absence de signe de mise-bas).


Lorsqu’une césarienne est réalisée en « urgence », le nombre de complications chez la mère et ses petits augmente considérablement, contrairement à la réalisation d’une césarienne « programmée » qui donne des résultats équivalents qu’une mise bas normale.

Critères de césarienne en « urgence » :

  • Malposition fœtale : le chiot est mal engagé et ne peut pas sortir
  • Monstruosité fœtale : le chiot est trop gros pour passer la filière pelvienne
  • Arrêt de contraction de la chienne malgré un traitement médical favorisant celles-ci
  • Souffrance fœtale : identifiée par fréquence cardiaque des fœtus (échographie).

Critères de césarienne « programmée » :

  • chienne nullipare (n'a jamais eu de petits) de plus de 6 ans
  • portée de moins de 3 ou plus de 8 chiots
  • épisode précédent de dystocie* (selon la dystocie - Dystocie : mise bas anormale)
  • absence de vétérinaire d’urgence dans un périmètre raisonnable (inférieur à 1 heure)
  • chienne dont la lignée est connue pour la présence de dystocies (par atonie utérine* par exemple, connue dans de nombreuses races : Atonie utérine : absence de contraction de l'utérus)
  • chienne souffrant d’un désordre métabolique en fin de gestation (éclampsie*, hypoglycémie : Eclampsie : complication sérieuse de la grossesse caractérisée par des convulsions, pouvant être fatale tant pour la mère que pour les fœtus.)
  • anomalie vaginale incompatible avec une mise-bas par voie naturelle (bride, sténose, etc.)

 Comment planifier la césarienne ?

  • Progestérone et Température

Démarrer le suivi de progestérone dans les derniers jours « estimés » de gestation. Certains recherchent la chute de température et débute le suivi lors de la chute.
Quand la progestérone chute sous les 2 ng/ml (dans laboratoire de référence : CRECS, CERCA, CERREC ou laboratoire étalonné) la césarienne peut-être réalisée sans risque.

  • Technique « programmée » grâce à la détermination du jour de l’ovulation

Lévy and al., Reproduction Domestic Animal Journal, 2009
L’objectif est de déterminer quand la chienne peut subir la césarienne avant le début de la mise bas : l’équipe chirurgicale et de réanimation des chiots sont préparées, l’intervention se réalise le matin ou en fin d’après-midi, le propriétaire peut se préparer. On maximise la survie à long terme des chiots.
Un suivi de chaleur rigoureux  permet de programmer le jour de césarienne dès le diagnostic de gestation. Une préparation à la césarienne est réalisée dans les heures qui précèdent afin d’optimiser la maturation des chiots et la montée de lait.

 

L’acte chirurgical

La chirurgie est réalisée rapidement et le vétérinaire veille à conserver l’intégrité de l’utérus. Dans des cas particuliers, il est possible de stériliser la chienne au moment de la césarienne.

Les soins aux nouveau-nés.

Les chiots sont sortis en quelques minutes, il est donc indispensable que le matériel nécessaire soit accessible et de prévoir plusieurs intervenants pour leur « réanimation » immédiate (photos 1 et 2). Une équipe expérimentée favorise la survie des chiots.

 Tous les chiots doivent être pesés et les malformations majeures doivent être recherchées (fente palatine (du palais), anus non perforé, fontanelles très ouvertes, etc.).

Les chiots peuvent être mis aux mamelles de la mère une fois l’intervention terminée afin d’apporter un apport rapide en énergie et en immunoglobulines (défenses immunitaires présentes dans le colostrum : Colostrum : 1er lait, plus coloré et riche en immunoglobulines (défenses immunitaires)).
Les chiots ne sont laissés avec la mère qu’une fois celle-ci bien réveillée, afin de limiter le stress de la mère et tout rejet éventuel (agressivité, cannibalisme, etc.)

Attention, il ne faut pas uniquement regarder la survie des chiots immédiate mais dans les premières semaines de vie. Une souffrance pendant la naissance augmente le risque de mortalité dans les 15 premiers jours.