Les vaginites sont les affections les plus fréquentes du tractus génital de la chienne. Leur cause complexe et mal connue explique la difficulté à mettre un traitement efficace. Elles sont souvent à l'origine d'infécondité.

Symptômes :

Les vaginites sont des inflammations du vagin.
L'âge au début des signes cliniques est variable, et aucune prédisposition de race n'a été rapportée. Les éléments cliniques les plus importants associés aux vaginites sont le léchage de la vulve et la présence de pertes vulvaires plus ou moins abondantes chez un animal sans aucuns signes généraux. Cet écoulement peut également attirer les mâles. La chienne peut être également gênée en position assise. Toute atteinte de l'état général tel que fièvre, atonie, anorexie ou modification dans la consommation d'eau est exceptionnelle. Secondairement, le propriétaire peut consulter car la chienne présente problèmes urinaires (pollakiurie, incontinence urinaire) en rapport avec une infection urinaire concomitante (cystite). Certaines affections coexistantes (diabète par exemple) peuvent aggraver les symptômes de la vaginite.

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La vaginite de la chienne reproductrice peut entrainer comme seul symptôme une infertilité.
Les plis périnéaux marqués ou la présence de graisse périnéale en excès peuvent prédisposer à une infection de la vulve ou du vestibule. Le léchage constant peut entraîner une dermite vulvaire.

 

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Les écoulements sont constitués d'un exsudat de couleur et de consistance variable. (Séreux à mucopurulent).
Les vaginites chroniques (vaginite durant depuis plus de 1 mois) sont rares mais sont toujours très difficiles à soigner.


Cas particulier des vaginites des chiennes impubères:

La vaginite juvénile ou vaginite de la chienne prépubère est une inflammation du vagin associée à certaines perturbations cliniques que l'on rencontre chez la chienne qui n'est pas encore tombée en chaleurs. C'est une affection fréquente qui évolue de façon aiguë ou subaiguë mais dans la plupart des cas, cette affection passe inaperçue. Aucune prédisposition raciale n'a été signalée. Quelques pertes muqueuses sont visibles aux lèvres vulvaires et sont détectées de manière fortuite (lors d'une consultation vaccinale par exemple). Parfois, ces pertes deviennent purulentes (pertes blanchâtres), abondantes et entrainent un léchage fréquent de la vulve qui va alerter ou inquiéter le propriétaire de la chienne. Plus rarement on observe une inflammation importante de la vulve et du périnée associée à une légère hyperthermie (39-39,5°),

Cette vaginite disparaît lors des premières chaleurs et constitue une contre indication à une stérilisation précoce (avant les premières chaleurs).

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Cause


Micro-organismes décrits dans le vagin de la femme et n'étant pas mis en évidence dans celui de la chienne:
Lactobacillus acidophilus (bacille de Döderlein) est fréquemment isolé du vagin de la femme en bonne santé mais pas de celui de la chienne. On suppose que ce bacille joue un rôle important dans la défense contre les germes pathogènes.


Conduite Diagnostique

Elle fait appel à : la cytologie vaginale, les cultures bactériennes de prélèvement vaginaux ( et urinaires), l'analyse d'urine , le toucher vaginal , la vaginoscopie et la vaginographie

Plusieurs contextes physiologiques ou pathologiques peuvent entrainer des pertes vulvaires chez la chienne :
Pertes physiologiques : oestrus, pertes peri partum (bouchon muqueux et lochies puerpérales)
Pertes pathologiques : d'origine génitale (pyomètre, vaginite, tumeur vaginale, syndrome de rémanence ovarienne, corps étranger vaginal) ou d'origine de l'appareil urinaire (incontinence urinaire , infection du tractus urinaire, tumeur ) ou d'origine systémique ( Brucellose canine, infection par un herpes virus, coagulopathie , atopie.

Examen Vaginal

Au moyen d'un doigt (garni d'un gant stérile lubrifié), on explore le vagin

à la recherche d'une obstruction, de corps étrangers, de tumeurs ou de malformations.

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Cytologie vaginale

L'apport de la cytologie vaginale est inestimable dans le diagnostic de vaginite.

Elle permet de mettre en évidence des polynucléaires neutrophiles dégénérés ou non, ainsi que des bactéries. Ces dernières pourront être phagocytées.

On pourra trouver des macrophages et des lymphocytes dans les vaginites chroniques.
La cytologie vaginale sera toujours étudiée à la lumière du stade du cycle oestral.

Ainsi la chienne présente de manière classique un grand nombre de neutrophiles sur son frottis dans la première moitié du metoestrus (jamais autant que dans les vaginites).

Pendant les 30 derniers jours du metoestrus, le nombre de leucocytes diminue mais il restera tout de même plus important que lors de l'anoestrus.

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Bactériologie

Brucella canis est la seule bactérie qui peut entrainer une vaginite primaire .La flore vaginale de la chienne saine est qualitativement identique à celle que l'on rencontre chez la chienne atteinte de vaginite. Quantitativement, lors de vaginite, on isole des bactéries en plus grand nombre et un ou deux germes prédominent nettement. L'interprétation des résultats reste cependant délicate.
Au moyen d'écouvillons, on récolte en partie antérieure du vagin, des prélèvements destinés à la recherche des bactéries et des mycoplasmes. . Pour éviter toute contamination à partir de la peau ou du vestibule, les prélèvements seront effectués avec un écouvillon protégé au travers d'un speculum stérile. L'isolement n'est significatif que lorsqu'un ou deux germes sont isolés en quantité abondante. La réalisation d'un antibiogramme sera alors effectuée.
Une PCR Herpès sera réalisée lorsque l'on suspecte une vaginite herpétique et une sérologie (ou une PCR) Brucella chez une chienne présentant des épisodes de vaginite récidivants.


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Vaginoscopie 

La vaginoscopie permet de diagnostiquer les malformations vaginales et donne une indication précise du dégré de l'inflammation de la muqueuse vaginale. On utilisera de préference une Optique rigide atraumatique ( type Cystourethroscope ), l'optique souple est moins aisée à manipuler. L'utilisation d'un otoscope permet dans la plupart des cas de révéler les anomalies anatomiques (qui se situent en région vestibulovaginale ) mais ne permet pas d'explorer convenablement la cavité vaginale . En effet le vagin de la chienne est très long (15cm pour un cocker, 30 cm sur un mastiff) et la jonction vestibulo-vaginale est marquée par un resserrement (cingulum) empêchant la visualisation de la partie craniale du vagin. L'examen endoscopique du vagin est habituellement bien supporté par la chienne et ne nécessite pas d'anesthésie générale, sauf lorsqu'on projette d'effectuer une biopsie ou si la zone est très inflammatoire et douloureuse. On introduit délicatement l'endoscope verticalement (exploration du vestibule du vagin). Puis au niveau de la jonction vestibulo-vaginale, l'endoscope est relevé en position horizontale (on sent alors une légère résistance).L'insufflation d'air est parfois nécessaire pour confirmer les obstructions. Lors de vaginite, la muqueuse vaginale ou vestibulaire est congestionnée et présente souvent de petits nodules surélevés, rouges de 1 à 2 mm de diamètre( amas lymphocytaires).
Une biopsie est parfois nécessaire lorsque l'on suspecte une affection virale ou néoplasique.




Radiographie
Les malformations vaginales sont fréquentes. Toutes ces anomalies contribuent à retenir les sécrétions vaginales et favorisent ainsi l'infection.
Les radiographies (face et profil) avec introduction d'opacifiant (vaginographie) dans le vagin peuvent mettre en évidence des sténoses et d'autres malformations.


La vaginographie
Indications : -mise en évidence de fistules vaginales
-anomalies de développement du vagin (congénitales ou acquises) ; rétrécissement vulvaire ou vaginal, sténose, hymen imperforé, double vagin
-Masses vaginales


Réalisation :
Cet examen est réalisé sous anesthésie générale. Une sonde de Foley est placée à l'entrée du vestibule et le ballonnet est gonflé. Le produit de contraste est injecté. Le vagin se remplit et au retour de piston de la seringue faire deux clichés (de face et latéral). Il est parfois utile de clamper les lèvres de la vulve avec une pince clamp atraumatique pour éviter les fuites.


L'examen doit également comprendre une analyse d'urine (prélevée par cystocentése) destinée à exclure une infection urinaire (séquelle fréquente de vaginite). Un examen échographique de la cavité abdominale sera examen réalisé afin d'éliminer une pathologie utérine.

Pronostic :


La complication en métrite est exceptionnelle par contre l'association avec une infection du tractus urinaire est très fréquente ( 25à 60% des cas) (2). Si le pronostic des vaginites est bénin, il ne faut pas oublier que les chiennes reproductrices atteintes sont souvent stériles du fait de l'action spermicide de certains microbes. D'autre part, une vaginite non traitée sur une chienne gestante peut entrainer une mortalité néonatale (septicémie par contamination lors de la mise-bas).
Il faudra aussi avertir le propriétaire que les récidives sont fréquentes.

Traitement:

Il n'existe à ce jour aucune donnée qui permette de juger de la meilleur efficacité de l'administration locale ou par voie générale d'antibiotiques. Cependant, une étude en cours semble montrer que la voie locale est supérieure à la voie parentérale en l'absence d'ITU (données personnelles)

Traitement local

Il consiste en l'administration d'injections vaginales d'antiseptiques ou d'antibiotiques.
On prendra toujours soin de ne pas administrer une dose d'antibiotique supérieure à la dose thérapeutique de l'animal pour éviter tout effet secondaire et d'éviter les seringues contenant des corticoïdes sur le femelles gestantes


Traitement général
Antibiothérapie :
La décision thérapeutique est encore très empirique car on connait mal l'influence des antibiotiques sur la flore vaginale. D'autre part, il faut rappeler la possibilité d'un effet tératogène de certains antibiotiques à manier avec précautions sur les femelles gestantes.
L'utilisation d'un antibiotique par voie générale sera toujours orientée par l'antibiogramme (prélèvement vaginal et urines). Le traitement sera prolongé d'au moins 72 heures après la disparition des signes cliniques. Une administration empirique d'antibactérien est déconseillée car elle peut entrainer l'émergence de Mycoplasmes ou d'E. Coli s'il n'est pas approprie
Les vaginites provoquées par des tumeurs, des corps étrangers ou une hypertrophie clitoridienne induite par des androgènes seront traitées en éliminant la cause favorisante.
Cas des vaginites de chiennes prépubères : On se limitera à un traitement hygiénique (nettoyage biquotidien avec antiseptique doux). Les symptômes disparaissent après le premier ou le deuxième cycle de chaleurs. On pense cependant que la guérison est plutôt liée à une augmentation de l'immunocompétence locale (IgA) et non à une intervention hormonale.
Cas des vaginites des chiennes castrées : on pourra appliquer une pommade aux œstrogènes tous les jours dans le vagin ou utiliser de l'oestriol
Présence d'une dermatite périvulvaire : Lors d'atrophie vulvaire ou de replis excessifs (vulve barrée ou obésité), une vulvoplastie sera conseillée .
Présence d'une maladie systémique : La recherche d'un diabète ou d'un hypercorticisme doit être effectuée lors de vaginite récidivante ou de vaginite mycosique.
Lors de vaginite chronique, l'utilisation des glucorticoïdes pourra être bénéfique sauf lorsque la vaginite est associée à une incontinence urinaire.

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CONCLUSION
Les vaginites sont relativement peu diagnostiquées.Elles entraînent pourtant des maladies secondaires évidentes (infections urinaires, infertilité). Le développement de la vaginoscopie en médecine vétérinaire permettra sans doute de diagnostiquer plus facilementces affections et de connaître ainsi leur véritable fréquence.